Pourquoi dire maitre a un notaire ?
Dans ses exercices de style, Raymond Queneau raconte, de 100 façons différentes, l’histoire banale d’un type qui monte dans le bus de la ligne S et dont l’attention est attirée par un passager singulier… Si nous avons utilisé le même processus, que se passe-t-il ?
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Imaginons un quidam assis dans le bus qui est reconnu et accueilli par le gugusse qui monte à bord. Chaque fois, le quidam exerce un métier différent. Comment sera-t-il accueilli par le gugusse ? Pour pimenter la démonstration d’une touche ludique, vous pouvez masquer la colonne de droite d’une seule main.
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Malheureusement, la formule devient très confuse dans les deux cas suivants :
avocat : Bonjour Maître ! notaire : Bonjour Maître !
Je suis notaire, c’est la faute de Voltaire !
On constate ainsi que, dans les deux derniers cas, il est impossible, à l’audition de l’apostrophe seule, de savoir si le quidam assis est avocat ou notaire, notaire ou Avocat… De cette indifférenciation fondamentale, nous avons trop souffert, nous souffrons, mais nous ne souffrirons plus ! Il est temps d’y mettre fin. Allons le casser ! Décapitons ce « Maître » ! Certains pourraient être choqués à l’idée que nous ne serions plus appelés « Maître » alors que nous l’avons toujours fait. Pour eux, je n’ai pas d’autre argument que le souvenir de mon père. Quand une dame d’une obséquiosité excessive l’a salué d’une voix dégoulinante de Maître ici et de Maître là-bas, il a répondu : « Oh, chère Madame, je vous en prie, mettez fin au Maître ! » (4)
Un tel chat, un tel commis…
Appelons un chat un chat. Nous sommes notaires et nous ne le cachons pas. Ne nous mêlons pas à d’autres professions juridiques ! La communication, en son cœur, est de savoir comment imposer une différenciation des autres, en commençant par la manière même dont on doit être appelé. La reconnaissance a toujours eu un rapport avec le nom. Prenons donc un exemple sur le commis (et d’autres) : lançons la mode « M. Notaire » ! De plus, certains clients utilisent déjà une telle formule, même par inadvertance. Et puis, nos gardes des Sceaux — qui reconnaissent n’importe quel maître — ne disent-ils pas (5) : « Mesdames et messieurs les notaires » ? Dans certains pays francophones, ce bon français est utilisé depuis longtemps. Ne tardez pas à agir plus longtemps et adoptons « M. Notaire ». Cependant, une question subsiste quant à l’utilisation de la formule pour les femmes : les sœurs sont invitées à décider si elles préfèrent « Madame la notaire » ou « Madame la notaire ». dirait-on le Général !
1 : tous les vices sont traités de la même manière… 2 : si nous avons affaire à un « conservateur » au sens politique du terme, nous dirons parfois : Salut vieux c… ! 3 : pour un adjudant-chef stationné à Saint-Tropez, cependant, il est écrit : « Bonjour Cruchot ! 4 : Voltaire aurait entendu un « thermomètre ». 5 : Elizabeth, Marylise, Rachida, Christiane le disent aussi !